Pour répondre à J68, voilà mes premières impressions après 3 semaines de roulage exclusivement en fat (sauf la sortie au Fourchu). J'avais noté toutes ces impressions en vrac ces derniers temps, voici un petit condensé.
Déjà, le premier truc. J'ai l'impression de tout redécouvrir, les limites ne sont plus les mêmes, parfois en en bien, parfois en moins bien, mais je m'éclate et je retrouve un plaisir de pilotage que je n'avais pas eu depuis longtemps (depuis le montage de mon Ragley en 2011 en fait). Un peu de changement et de remise en question, ça fait du bien!
Je vais commencer par ce qui est moins bien.
Bon, le rendement sur route, quand on est gonflé à 0.35bar avec des pneus de plus d'1,6kg pièce en donnée constructeur (y'a plus léger, les Schwalbe de même largeur sont à 1.2kg, ça doit aider!!!) n'est pas le même qu'avec un XC. Mais malgré tout, l'inertie des roues aide pas mal à conserver la vitesse. Ce sont juste les changements de rythme qui demandent beaucoup (beaucoup) d’énergie et se font lentement. Malgré tout, sur la sortie de dimanche avec 2-3 portions sur goudron, je ne me suis jamais trouvé isolé à l'arrière du groupe et j'arrive à me maintenir aussi bien qu'avec mes autres vélos. Le pire est quand la pente est très raide, tout le poids est sur la roue arrière (bases courtes), le pneu s'écrase vraiment et le rendement est nul, on est littéralement scotché! Heureusement que c'est rare dans nos sorties.
Sur route, à basse pression, le pneu avant à une forte tendance à embarquer le vélo à l'intérieur du virage. Faut s'y attendre sinon on se retrouve vite par terre. Rouler dans les petits caniveaux en V est aussi un véritable challenge tant le pneu grippe le coté amont.
Les portions rapides et cassantes: même en restant très souple et en essayant de survoler le terrain, quand on arrive à pleine vitesse dans un champ de mines, on a intérêt à bien tenir le cintre car ça secoue pas mal d'avant en arrière, et oui, on est bien sur un tout rigide. L’empattement très court du vélo y est pour beaucoup ainsi que ma pression sans doute encore un peu elevée. Bref, ça secoue mais ça passe beaucoup mieux qu'un SR et ça reste bien en ligne sans me sortir de ma trajectoire. Faudrait que j'essaye en allongeant les bases (j'ai 2cm de marge de manœuvre je crois)
Les passants croisés et les voitures qui doublent me dévisagent et font des réflexions, difficile de passer inaperçu, surtout auprès des enfants et des vieux routards

. En contrepartie, ils m'entendent arriver sans sonnette, aussi bien sur goudron que sur chemin et ils s'écartent en faisant des gros yeux.
Même en roulant en groupe, quand je suis derrière, certains pensent qu'une voiture arrive.
La direction est un peu lourde avec l'inertie de la roue avant. C'est surprenant au début. Ensuite on y prête plus attention.
La largeur du boitier de pédalier ne me gène pas, je n'ai pas eu mal aux genoux mais c'est personnel et ça peut en gêner certains.
Maintenant, ce qui me plait:
Le grip, en montée, la seule limite est la limite de mon cœur et de mes cuisses, le vélo ne patine pas, il n'y a que Dvorak, pas habitué, qui s'est fait surprendre et qui a failli se retourner en roulant dans un portage.
La sensation de sécurité dans le trialisant pentu: la fourche ne plonge pas, le vélo n'est pas perturbé par les cailloux au sol. De quoi faire descendre d'un cran toutes les cotations techniques. Certains diront que c'est un vélo de débutant, je leur dirai que c'est un vélo
adapté.
Le vélo est court, les épingles deviennent un jeu d'enfant, et avec la fourche rigide, les nose-turns sont beaucoup plus précis et faciles à doser.
A l'inverse des vélos à la mode, le boitier de pédalier haut permet de lever le vélo très facilement en se mettant sur l'arrière, les marches sont sautées sans effort, y compris quand elles s'enchainent. Ça me change de mon TS où il faut se jeter en arrière pour faire ça. Ça nuit à la stabilité à haute vitesse mais ce n'est pas mon truc, j'ai peur.
La possibilité de faire du vrai tout terrain. Qu'il y ait un sentier ou non, le vélo se fraie un chemin. On l'a vu hier soir pour l'inauguration d'une nouvelle jonction où je suis passé sans problème alors que Dvorak et Magdo avaient un peu plus de mal et s'amusaient moins.
La sensation de flotter au dessus du terrain. C'est indescriptible mais on a l'impression de flotter sur les obstacles plutôt que de buter.
Le grip en toutes conditions! Faut oublier toute référence tant c'est déroutant. Je n'arrive pas encore à exploiter ce nouvel avantage et je freine trop en courbe.
Plus d'entretien et de nettoyage des pivots et suspensions. En arrivant, je fais un tour de chaine dans un chiffon, un tour d'huile et je rentre me doucher.
Par contre, mes pneus ne sont pas étanches à 100% et si je ne roule pas pendant 5 jours, je perds environ 0.1bar. C'est négligeable sur un vtt classique mais c'est inutilisable en fat car on est presque à plat. Donc c'est coup de pompe/mano quasi-obligatoire avant chaque sortie.
Le positionnement et la mobilité sur le vélo sont à revoir même si les pneus font du bon boulot pour l'amorti. Charger l'avant pour profiter de l'amorti de la fourche et soulager le reste du corps est inutile voire contreproductif. Il faut rester plutôt sur l'arrière pour absorber les chocs avec les cuisses et éviter de tout prendre dans les bras au risque de fatiguer plus vite.
Pour l'instant, niveau "grosses sorties", j'ai fait une sortie de 50km et une avec un peu plus de 1600m de D+, je ne suis pas rentré plus fatigué ni cassé que d'habitude. Juste quelques courbatures dans les bras qui avaient oublié leur rôle d'amortisseurs ces dernières années, mais ça va s'arranger.
Au final, même si les 2 premières sorties m'avaient mis le doute tant ce vélo était différent des autres, je m'éclate avec et ce changement a fait remonter ma motivation d'un énorme cran.
J'ai l'impression de progresser à son guidon, sans doute car je commence à prendre mes marques et j'explore son domaine d'utilisation. C'est pas que je m'améliore, c'est que je m'habitue au vélo.
Je pense que plus que les gros pneus, la géométrie typée jouet/maniabilité des Salamandre contribue à mon enthousiasme; avec un fat du marché long et surbaissé, je n'aurais sans doute pas le même jugement même si l'effet tapis volant doit être encore plus présent.
Avec une nouvelle paire de pneus plus légère et une TDS rigide, ça sera le parfait vélo pour la montagne et je passerai sous les 14kg, parfait pour les portages, surtout que le poids est bien réparti et qu'il se porte beaucoup plus facilement que mon TS.
Ce n'est sans doute pas le vélo le plus efficace (encore que dans certaines conditions il se débrouille très bien...) mais il est tellement fun que ça compense. J'arrive en bas avec la banane et c'est bien le principal.
Voilà, je vous invite à tester l'engin plus de 5 minutes car il faut rouler un peu avec pour le prendre en main et comprendre le fonctionnement assez éloigné d'un VTT suspendu. Pensez juste à la clé à pédales car rouler sur des pédales autos avec mes Fiveten est un calvaire à chaque fois pour moi.
