Après mon absence (vertébrée) de 2016, je m’étais promis de retourner faire ce raid montagnard. La découverte en 2015 m’ayant bien plu, le mode course me tentait bien.
Objectif : boucler l’Ultra 1j. – inscris sur l’ultra elite + (option qui permet de le faire en 1 ou 2j.)
Connaissant la difficulté de l’épreuve, j’avais planifié de m’y préparer un peu à l’avance, après un hiver/début de printemps plutôt orienté aux courses trail et CaP.
L’été sera consacré au vélo et à structurer un entraînement dédié.
A J-10 : tout est quasi prêt, le matos, le bonhomme, le mental.
A J-7, la claque. Gastro qui s’invite violemment à la maison

Jour J – 5h56. Le SAS Elite décolle. Cette année, l’orga a revu le départ pour éviter les bouchons. Avec Julien29, on se met dans la roue d’un nerveux sur la partie bitume et on se laissera porter jusqu’à la montée du Lautaret. Tout va bien jusqu’à 20 min. plus tard où je serai obligé de m’arrêter, le ventre plié de douleurs

Je remonterais rapidement sur selle, dans la grande masse du peloton désormais, en serrant les dents et en continuant à boire régulièrement.
La longue montée du Galibier se fera sous ce mode : ne lâche rien. Viendra le portage du Galibier, qui aurait dû être une formalité au regard de mon goût pour le portage … mais après le ventre, ce sont désormais des crampes qui se déclencheront sur les 2 jambes !!! ca ne fait qu’env. 1h50 de roulage

Arrive la descente du Galibier, sur terrain sec. Je reprends facilement des places, jusqu’à buter sur une féminine moins à l’aise mais qui refusera de me laisser passer. Je la passe de force sur un passage un poil freeride, et la malchance continuant, je crèverais (ça aussi, je ne connaissais plus). 20 min. s’envoleront pour réparer.
La reprise sera difficile, mais on serre encore plus fort la mâchoire et on continue. Arrêt au ravito 2 pour mieux regonfler le pneu, et direction la Ponsonniere.
Les crampes redoubleront, et cette montée va se transformer en un long moment douloureux : les raidars se feront à pieds, en m’étirant régulièrement à chaque contraction. Je me ferais doubler en continu … Mon seul bonheur : le paysage sous une météo des plus formidables. Ça en jette ! La descente du col, qui devait être un moment de récup’, se transformera en un moment de jambes tétanisées : punaise, même en descente


Le mental est au plus bas, voire en dessous du point 0.

Au ravito 3, j’ai 40 min de retard sur ma prévision. C’est quasi plié.
La partie qui suivra me permettra de rouler « fluide » en contrôlant l’arrivée des crampes, mais la remontée au Lautaret se fera à nouveau dans la douleur. Incroyable.
La montée au ravito 4, que j’aurais dû faire en grande partie sur le bike, se fera encore une fois à côté ou sous, et avec grand mal. Même la marche est difficile.
A ce moment après 6h de course, et sans grande illusion, j’abandonnerai dans la tête la possibilité de faire l’ultra en 1j. Malgré une prépa qui était au vert, la vie en a décidé autrement. Et y’a pire dans la vie.
Je me fixe l’ultra en 2j. en ligne de mire. La descente après le ravito 4 me fera du bien mentalement, car ludique et me permettant sur certains passages de reprendre pas mal de coureurs.
La suite de la boucle, se fera au mental uniquement. Abstraction faite des crampes de + en + douloureuses aux jambes (avec un passage où je serai obligé de m’étendre par terre, les 2 jambes bloquées), je me fixerai de reprendre chaque vttiste que je verrais devant moi.
A la barrière horaire, on m’informera que je ne pourrais continuer sur l’ultra 1j. … pour un dépassement de 10 min.
La ligne d’arrivée sera franchie en 8h16, 74kms-3070 de D+ … et à ma grande surprise je serais 51/203 arrivants

La nuit sera consacrée à se rebooster mentalement pour le lendemain, et à tout tenter pour détendre mes 2 jambes.

Dimanche – 7h15 : on arrive à la Grave. Super, personne sur la ligne, on pourra bien se placer. On traînasse un peu, et lorsqu’on déchargera nos vélos, 7h30, l’aire de départ sera pleine ! Punaise, c’est quoi ce bordel ! Un départ en quasi fond de ligne …. Avec les vtiistes inscrits en rando.
Cette 2ème journée s’amorcera avec des jambes fatiguées et flinguées, un mental requinqué, et une envie de prendre 1 revanche sur la veille. La longue première partie alternant raidars, poussages, et parties roulantes jusqu’au 1er ravito me permettra de voir que les crampes ne seront plus qu’un mauvais souvenir. Même si je n’ai pas de bonnes sensations, les jambes tournent pas trop mal. Je remonterai pas mal de monde, mais par rapport à 2015, ça roule devant !
Le portage de la Buffe ne se passera pas comme espéré ; j’ai les jambes scotchées. J’avance, mais je n’arrive pas à avoir le rythme du mois d’août. La partie roulante qui suivra confirmera mon ressenti : les 3 gars devant moi partiront sans me laisser de chances.
La descente sur Besse me permettra de me détendre, tout en revenant sur les vttistes moins à l’aise.
Le plus usant arrivera : la longue montée de Besse. Une horreur. Scotché encore, mais je limiterai la casse (5min de plus qu’en 2015), sauf que ceux repris sur la précédente descente reviendront sur moi.
La partie qui suivra, je la connais, et je sais que j’y serais pas trop mal si je gère bien la montée au Plateau d’Emparis. Ce que je ferai en poussant le bike sur les plus gros raidars pour être lucide sur les 800-900 de D- qui vont s’enchaîner, avec des passages parfois techniques dans un cadre somptueux




La ligne d’arrivée sera franchie en 5h14, 51kms-2465 de D+. 30/171 arrivants (et + de 200 partants)
Au général sur les 2j., je serai classé 29/135 arrivants. Plutôt content finalement

Dans ma déception post-gastro, je reste finalement satisfait d’avoir fini ce beau raid physique, usant, varié mais qui traverse des paysages majestueux … et je lorgne désormais sur 2020.
Et la vidéo officielle toute fraîche : https://www.facebook.com/182205311826898/videos/vb.182205311826898/681659532325889/?type=2&theater