CR de ma sortie galère de samedi, ou comment se foutre dans la merde tout seul.
Journée bien remplie mais j'ai un petit créneau pour rouler en fin d'aprem.
Ça tombe bien, j'ai une trace que je voulais retenter en fat et en guise de retour un sentier prometteur que je ferai à la montée pour voir si il vaut la peine d'être descendu.
15min de voiture et je suis au départ, pommé dans la montagne ardéchoise.
Un fort vent frais, une lumière d'automne sympa dans un paysage grandiose et pas un chat. Tous les ingrédients pour une sortie réussie.
J'attaque par une jonction un peu montante sur chemin bien caillouteux puis je traverse le plateau herbeux avec une superbe vue à 360°...si on fait abstraction de la ligne électrique.
De l'autre coté la vue sur la vallée où je vais descendre.
Avec le soleil déjà bien bas mais je suis confiant.
Je dois passer derrière la barre rocheuse en haut à gauche, dans le vallon encaissé entre cette barre et la zone herbeuse derrière.
Encore un petit effort sur le plateau avec un fort vent de face.
Et j'arrive à la bergerie pommée, qui marque le début de la descente.
Ça attaque fort avec un plongeon parsemé d'épingles et de grosses marches. La dernière fois j'étais passé à pieds par endroits mais cette fois, ça passe sur le vélo même si ce n'est pas évident.
Puis ça alterne les zones techniques enrochées, les épingles bien tendues et les traversées en balcon plus lisses pour souffler un peu. Vraiment excellent.
Le final est un long toboggan de grès parsemé de marches et jonché de pavasses roulantes, rigolo mais piégeux. Je fatigue et j'en prend plein les bras d'ailleurs.
600m plus bas, je commence à réaliser qu'il me reste un paquet de D+ pour rejoindre la voiture et qu'il commence à faire sombre.
En contrepartie, je m'offre 100m de "piste cyclable".
Un petit coup d’œil à l'IGN m'indique un sentier en pointillés qui m'offre un bon raccourci en coupant la moitié du sentier initialement prévu, je décide de le rejoindre.
Le départ n'est pas très clair, je monte dans de vieilles châtaigneraies abandonnées, j'escalade les terrasses en me faufilant entre les branches mais d'après le GPS, je suis encore sur la trace. Je sors enfin de cette zone et j'arrive dans une pente herbeuse avec des petits genets et des rochers ronds, ça monte pas mal et le fond de vallée s'éloigne.
J'ai abandonné le suivi GPS puisqu'il n'y a pas de sentier en dehors de quelques pierres dressées par ci par là. Je me dirige donc "au cap" en direction de l'arrivée. Il me reste 400m de D+. Je me dis qu'en ne trainant pas, ça sera plié en 30min et je rentrerai avant la tombée de la nuit.
Je continue de grimper jusqu'à un petit replat ou je souffle le temps de prendre une photo...ça sera la dernière.
Mais j'ai également un point de vue sur la suite, et cela ne m'enchante guère. Les genets sont de plus en plus hauts. J'avance maintenant très doucement, dans une pente 45° surnageant dans les genets par endroit plus hauts que moi. Je m'arrache les mollets et je n'avance pas, il faut escalader des blocs de roche.
Et c'est à ce moment là que je réalise qu'il va falloir que je trouve une solution si je ne veux pas passer la nuit ici. Comme un con, je me suis enfoncé dans un espèce de piège végétal. Je vois des châtaigniers pas trop loin, j'arrive tant bien que mal à les rejoindre toujours en portant le vélo presque à bout de bras.
Un rapide coup d'oeil au GPS m'indique que le sentier que je devais prendre initialement est 20m plus bas. Je n'ai plus le choix, je dois le rejoindre, de toute façon, je suis un peu en mode survie et je n'ai guère le choix. Je traverse les vieux châtaigniers, je dois descendre plusieurs murets d'1m80-2m, je balance le vélo comme un sac de patates et je saute, en tombant à moitié dans les églantiers que je n'avais pas reconnu dans la pénombre. Ptain, manquait plus que ça! Heureusement que je suis en tenue longue, seuls mes mollets se griffent. A ce stade, j'en ai plus rien à foutre et je dois manquer un peu de lucidité après cet effort intense. Mais bon, pas le temps de manger. J'arrive enfin sur le sentier tant attendu et il me reste 300m jusqu'au sommet. Je n'y vois déjà presque plus rien, je remonte donc ce chemin muletier en courant à coté du vélo comme si ma vie en dépendait (j'aurais aimé assister à cette scène à la troisième personne). 20min plus tard, je commence à arriver sur le replat et je remonte sur le vélo, je roule un peu au hasard ne voyant pas bien le sol et j'arrive à un chemin "blanc" lumineux. Ouf, je suis tiré d'affaire. Encore 10min d'effort éclairé par un timide croissant de lune et j'arrive à la voiture, bien fatigué mais soulagé.
Ça fait bien longtemps que je ne m'étais pas lancé dans un plan galère de la sorte.
Quelques jours après, je me marre en repensant à cette histoire. Le genre de sortie qu'on oublie pas.