Bon allé, même si je manque encore de recul avec seulement 2 sorties, voici mon ressenti de débutant sur le fat!
J'avais hier donc rendez-vous avec Yann ( je ne suis pas schizophrène et je ne parle pas de moi à la troisième personne
) de Salamandre cycles, le gourou Ardéchoix du fat en France.
Il m'a proposé un petit tour technique au départ de chez-lui pour que je puisse me rendre compte des qualités et défauts de ces vélos à grosses roues.
J'ai donc enfourché un gros vélo rose au look très sympa avec ses tubes d'acier cintrés, chaussé de pneus de 4,8" sur jantes de 80mm de large. Il était un peu court pour moi dans les pédalages mais je m'y suis quand même senti à l'aise très vite.
On attaque donc par une courte portion de route en faux plat descendant pour traverser le village. La tenue de cap est très étrange, les pneus mous ont tendance à tirer le vélo vers l'intérieur de la courbe et l'effet gyroscopique est assez déroutant. Bref,c'est pas le point fort du vélo à moins de surgonfler mais quelle idée de faire du fat sur la route.
Hop, on plonge à droite sur un petit sentier assez raide et caillouteux, je jauge un peu le comportement du vélo mais n'ayant pas de tds télescopique, je ne suis pas super à l'aise avec la selle haute. Je sens tout de même que le vélo mange les cailloux et lisse le sol.
On enchaine par une piste en faux plat montant, l'occasion de changer de vitesse, de manipuler un peu la boite Pinion.
Le vélo est donc monté avec une boite Pinion à 18 rapports. Les rapports sont tous étagés de manière très régulière et on peut ajuster très précisément le développement du ultra-court au ultra-long. On doit retrouver une plage égale ou supérieure au triple plateau. Les rapports se passent à l'arrêt ou en roulant sous réserve que l'on relache un peu la pression sur les pédales. J'apprécie vraiment ce système, je vais avoir du mal à reprendre mes dérailleurs.
Biensur, tout se fait dans un silence absolu et dans une grande souplesse. Je n'ai pas noté de sensation de perte de rendement sensible, il parait que le Rohloff est moins bon de ce coté-là.
On continue donc notre boucle en plongeant dans la vallée du Granzon, par un single épinglu et très caillouteux comme on en trouve beaucoup ici. Cette-fois j'ai baissé la selle pour la descente. Les caillasses sont avalées par les pneus, on conserve facilement de la vitesse dans ce champ de mine, c'est impressionnant. On oublie que l'on a pas de suspension. Le vélo, bien que considéré comme pataud par Yann est assez maniable et tourne sans problème dans les épingles. Bon, avec 17kg sur la balance, les nose-turns demandent un peu d'énergie mais vu qu'il n'y a pas de fourche qui s'enfonce plus que de raison, ça passe assez-bien. Malgré-tout, avec l'effet monster truck, on vise la sortie et le vélo avance sans souci, pas besoin de faire le kéké en levant la roue.
Arrivés en bas, on décide de faire un peu d'exploration dans le lit du Granzon, une rivière presque à sec. Le sol se compose d'un lit en calcaire avec des grosses marches, des grosses pierres et des bancs de sable.
Je roule là-dedans, escaladant les marches sans effort particulier. Le passage devient de moins en mois évident, on alterne portage et roulage. On fait donc demi-tour peu après.
En descente, même topo, les grosses marches se descendent sans effort ni appréhension. Le gros diamètre des roue et l'amorti des pneus font merveille. Ça roule tout seul alors qu'avec mes 26", je serais à pieds à de nombreux endroits.
Ensuite, on rejoint un sentier plus roulant et on regagne une crête pour attaquer une descente en faux plat descendant, avec un nombre incalculable de S rapides entre les petits arbres sur un sol couvert de cailloux de 7-8cm.
En montée, plus le sol est mauvais, plus le fat tire son épingle du jeu. Le grip est très bon et on a la sensation que le pédalage est dissocié du sol. En 26", par ici, on s'épuise car le vélo lutte pour avancer et butte sur chaque cailloux, faisant remonter une secousse dans les cuisses et il faut sans cesse relancer et se battre pour garder de l'équilibre. Là, il suffit de pédaler à rythme constant et ça passe.
Bon, le train roulant est lourd, les pneus se déforment, il ne faut pas espérer foncer aussi vite qu'avec des petits pneus sur une piste lisse et emmener le vélo est assez énergivore. Je suis rentré bien entamé après mes 2 sorties relativement courtes avec l'impression d'avoir eu peu de répit. Un peu comme les 29" je pense. On a toujours envie de relancer et de forcer pour conserver la vitesse. Bref, je reviendrai sur les défauts plus tard.
Donc nous attaquons une descente en single assez rapide avec beaucoup de virages qui se succèdent sans répit.
Et là, grosse claque, on penche le vélo dans les cailloux, il ne bronche pas, on sent que l'on flotte sur les cailloux sans même les déplacer. Le grip est dingue mais je relance non stop, je me fatigue vite. Le but du jeu doit-être de conserver de la vitesse sans relancer mais ne connaissant pas le single, je freine un peu trop.
Ensuite, on rejoint encore une zone trialisante, celle où la vidéo Salamandre a été tournée, je me fais un peu chahuté en descendant un mur en me mettant trop à l'arrière. Le pneu frotte mon short, ça chauffe.
On saute des cassures et 50cm sont avalés dans un bon confort pour un tout-rigide!
Et voilà, nous reprenons le chemin du retour. Il n'y a pas de grosses pentes mais le vélo demande quand même un effort constant pour avancer. On remonte au point de départ par un chemin puis un bout de route. Ça monte au train mais je ne m'amuserais pas à tenter une montée rapide. J'ai l'impression que plus on brusque le vélo, plus il absorbe l'énergie. Puis je me suis bien grillé sur cette sortie, à suivre Yann en Dinglespeed. Les parcours qui alternent autant de montées et descentes courtes ne me sont pas favorables.
La boite Pinion permet par contre d'avoir toujours le rapport pile-poil comme on le souhaite tant ils sont rapprochés et nombreux.
Et voilà, le tour est bouclé mais Yann a la gentillesse de me proposer de garder le vélo pendant mon séjour ici. Je le remercie, c'est vraiment top!
On fini l'après-midi en buvant des bières au bar. Bref, superbe essai et discussion très intéressante!
Ce matin, il pleut, mais avec la bête au garage, je ne résiste pas à partir pour une courte sortie pour voir ce que ça donne sur le mouillé. Le terrain est donc très escarpé, garni de dales de schistes un peu moussues et rendues extrêmement glissantes par la pluie. En temps normal, j'évite de rouler, c'est trop casse-gueule. Et ben c'est pareil en fat.
Autant le vélo arrive à trouver du grip n'importe où quand le sol n'est pas tout à fait lisse, autant sur les grosses dalles lisses, c'est inroulable. Mais bon, même à pieds c'est limite.
J'enchaine donc dans la forêt par une longue montée sur DFCI. L'effort est constant, le pneu gomme tous les reliefs, pas besoin de soulager le dos, on reste sur la selle même dans les cailloux. J'adore.
J'ai l'impression de bien monter mais à mon retour, je me rendrais compte que je fais un temps à peine dans la moyenne sur Strava. Un peu déçu sur ce coup là car le cardio est pourtant resté haut tout le long. Bon ce n'est pas une bête de XC, sur le roulant il faudra prendre son mal en patience sous peine de se griller très vite. J'essayerai de faire plus de dénivelé cette semaine mais je pense que ça doit être physique. C'est un peu la déception par rapport au parcours d'hier, plus plat.
Heureusement, la descente arrive. Une descente dans les pins avec de la terre et des cailloux au sol. C'est facile, on prend de la vitesse tout en se sentant en sécurité, je retrouve des bonnes sensations, c'est top!
Ensuite, retour par un chemin et une piste, celle où Kangoo se verse des têtards sur la tête.
Même sensation que plus tôt, l'effort est très constant mais je roule moins vite que d'habitude. Bon, je commence à fatiguer et les 17kg du vélo y sont sans doute un peu pour quelquechose.
Je termine le parcours en roulant à coté d'une trace de moto dans le sable mouillé, amusé par le fait que ma trace est 2 fois plus large que l'autre. Par contre, je m'enfonce beaucoup moins. On dirait même que je marque moins le sol qu'avec des pneus en 2.30.
Voilà mon CR pour l'instant et voici les points positifs et négatifs relevés après cette courte expérience:
Points positifs:
le confort
la facilité de progression dans le défoncé. Plus le terrain est défoncé, plus le fat creuse l'écart avec les autres vélos
le grip en toutes conditions
la boite Pinion, mon vrai coup de cœur!
la simplicité du tout
la géométrie ultra ludique avec des bases relativement courtes et un boitier haut. J'ai enfin compris que c'est ce qu'il me faut. Ca explique aussi pourquoi je préfère le comportement de mon SR par rapport à mon TS ultra-bas.
L'impression de rouler sur la lune et de flotter sur le sol
Points négatifs:
le rendement sur sols "lisses"
le poids total
le prix des composants (hors cadre)
le comportement presque dangereux sur route quand il faut tourner
le comportement qui incite à appuyer et qui épuise vite.
j'ai du mal à voir comment se passerait une sortie accompagné de vélos classiques. Certes dans le défoncé je serai devant sans forcer mais pour le reste...
Merci encore à Yann pour sa gentillesse et le prêt du vélo. Même si la météo s'annonce pourrie, je vais bien en profiter!