Bon, puisque presque tous les 42 ont déjà fait leur pélerinage à la Perdrix (un peu au rabais en dehors de Kangoo, il faut bien le dire
), je ne pouvais pas laisser passer cette belle occasion.
Temps ensoleillé, sol gelé/sec, pas de Dvorak à l'horizon pour me dissuader. Toutes les conditions étaient réunies pour me lancer dans un truc à la con dont j'ai le secret.
J'attaque tranquillement, jusqu'à Rochetaillée, je suis au soleil et j'ai trop chaud, je tombe le buff que j'ai autour du cou et entrouvre la veste.
Je continue ma grimpette et passé les 1000m, l'ambiance se fait plus glaciale.
Même en sous-bois, c'est complètement givré.
Mais à travers une coupe de bois, j'entr'aperçois mon objectif, là-haut, au soleil, ma motivation redouble et je continue tranquillement.
A partir du Bessat, il y a une petite couche de neige sympa à rouler, et je fait le tour par le Bois Greizé pour rester au soleil. Je sens que le vent est bien présent et bien vivifiant.
Je regarde dans la vallée, et devinez ce que j'aperçois?
Ça me fait marrer et je continue.
Bon, de toute façon, j'ai pas soufflé assez fort dans mon tuyau et je suis dorénavant à seccar tout est gelé. Faut pas trop que je m'éternise.
Je me dis que je vais contourner le Crêt par le sud pour éviter de trop prendre le vent, sauf que comme un âne, j'ai bifurqué trop tôt (côte 1303 au lieu de 1375) et je me suis planté de chemin. Trop borné pour faire demi-tour, je constate que ça devrait passer en tirant droit sur le crêt. Et ce fût le cas après un court et raide poussage.
Encore un petit effort et m'y voilà enfin. Comme d'hab, ça souffle, sauf qu'avec la température qui doit frôler les -10°, le ressenti est très froid. Je crois que la dernière fois que j'ai ressenti cela, c'était en Islande.
Bon, mon zoom est ridicule par rapport à Kangoo, mais le MB est particulièrement bien visible aujourd'hui.
Et c'est là que comme prévu, la sortie hardcore commence.
Je me lance dans la descente mais rapidement, j'ai les mains glacées, ainsi que les pieds. La descente est relativement rapide et à l'ombre, ça n'aide pas. Je m'arrête pour me réchauffer et manger une barre mais elle est congelée, je n'arrive pas à la casser, ni à la croquer. J'y arrive finalement (j'ai eu l'impression de manger un poisson pané sorti du congélo) et je repars. Je continue à me geler, c'est de pire en pire, quelques courts arrêts me permettent de bien me réchauffer les doigts. Pour les pieds, on fait avec...
Il est 16h20 et je suis encore en haut, faut que je me bouge si je veux rentrer avant la nuit. Mais plus je vais vite plus j'ai froid. Difficile de gérer. Puis le froid me gèle les yeux, je n'y vois plus rien, je sors donc mes lunettes de soleil mais je vois toujours aussi flou et en plus il commence à faire sombre en sous-bois...
Bon, je connais plutôt bien le tracé et je descends un peu à l'aveugle sans trop prendre de risques, j'arrive finalement chez-moi, avant la nuit.
J'ai l'impression de marcher sur des petits coussins, j'ai les joues gelées, je ne peux plus parler et je vois toujours trouble. Il me faudra une petite heure pour retrouver des sensations normales.
Bref, encore une sortie qui forge le caractère.
Au final pas de regret, je me suis gelé mais j'ai atteint mon objectif, j'en ai pris plein les yeux et je me suis éclaté en haut sur la neige à rouler tout en glisse.
Et je suis un peu débile mais j'aime bien ce genre de périple, ça remet les choses à leur place.
Donc à ceux qui roulent demain, bonne chance, surtout si il faut réparer.